jeudi 24 avril 2008

Les Ratés de l'Espace

La lumière, automatiquement, s’alluma, éclaira le petit intérieur de l’astronef mal adapté à Castor et Pollux, qui, sanglés à une des parois, ouvrirent les yeux, se libérèrent de leur couche et commencèrent une série de mouvements d’assouplissements.
Sans les perturber, l’ordinateur, un Marcel de la cinquième génération, intégré à l’aéronef en toute hâte pour le long voyage, leur délivra les derniers événements.
Une nouvelle Supernovae dans la galaxie Hubert Reeves, une ceinture d’astéroïdes, derrière eux, à trois unités astronomiques, et surtout l’approche d’un nouveau système Sol-Planètes. Evidemment Castor et Pollux s’en étaient immédiatement doutés, ils auraient pu être désintégrés dans cette ceinture, ne pas être éveillés pour un danger quelconque, léger ou mortel, mais ils cachaient mal leur excitation, car être réveillé par Marcel ne permettait maintenant qu’une unique réponse : l’approche de la Terre. Cette fois ça ne pouvait être que la Terre, bien sûr dans le dernier système du secteur, ils avaient été réveillés quatre fois déjà, quatre fois plus déçus, invariablement c’est toujours la dernière possibilité la bonne.
La planète « Terre » était connue sur « Robert 5 », leur planète d’origine, la cinquième appartenant aux étoiles doubles appelées par les terriens Castor et Pollux.
La Terre avait été reconnue, par hasard, depuis une vingtaine de cycles héliocentriques, par le parasitage, par ondes radio, d’une séance collective et internationale de branlette sur Robert 5, pour le plaisir d’abord mais avec alibi psychanalytique après.
Robert 5, coïncidence non probable, selon tous les modestes mathématiciens de l’univers, était peuplée, elle aussi, de plusieurs milliards de bipèdes, appelés les Êtres-Debouts, semblables en tous points aux êtres humains de la Terre, physiquement, sexuellement parlant, sauf que sur Robert 5, il n’y avait que des branleurs, des ratés de la nature, des milliards d’artistes, de philosophes, et heureusement quelques animaux.
C’est pourquoi, Castor et Pollux, de leurs faux noms, deux ex-artistes en ayant plus qu’assez, parce qu’ils étaient tout de même un petit peu philosophe, décidèrent de fuir leur ennuyeuse Robert 5, de retrouver leur camarade « Olive », de son pseudonyme, chargé de préparer le terrain sur la Terre, cette petite planète sympathique, où presque tout le monde baigne dans une compétition stimulante, généralisée, non avachissante, où il y a de l’action, de l’argent et de la violence.

Castor avait choisi « Bastien Hilare », comme nom d’emprunt, et Pollux, « Scalpa Têtu ». Ils ne savaient tous deux rien faire, sinon de l’art, mais leur ami, déjà infiltré, leur avait appris que certaines écoles sur Terre servaient de couverture pour des Êtres-Debouts venus d’autres mondes. Cela paraissait convenable pour un début. La seule contrainte restait de se débarrasser de leur soucoupe volante comestible, troqué avec les Kluggs contre quelques carnets de croquis de nus et quelques vidéos pornos auxquelles ils ne comprenaient rien évidemment, les Kluggs, êtres aériens, parfois hallucinogènes, ressemblent à un sous-genre de champignons disproportionnés très sucrés et très prisés sur Ernest 4 et Robert 5, quoique le dernier conflit ouvert entre Kluggs et Debouts ait provoqué de grosses indigestions et autres gastro-entérites chez les Êtres-Debouts.

Scalpa Têtu et Bastien Hilare étaient donc largement repus quand ils prirent le train de banlieue en direction d’une ville qu’ils savaient être Paris. Ils ne craignaient pas les contrôleurs car ils possédaient titre de transport, argent, faux papiers, dont la très stimulante carte électorale, ils étaient citoyens maintenant, ils étaient des êtres humains. Après quelques années insupportables passées dans leur école de transition, ils trouvèrent enfin du travail et disparurent.

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