jeudi 24 avril 2008

Pourquoi Sont-Ils Gris ?

Voilà, plus que cinq minutes d'oxygène, Scalpa s'est fait péter la gueule en essayant de reficeler le câble avec de la laine, Bastien aussi a eu de la chance, c'est un écrou perdu qui a certainement fait imploser son casque, jamais plus il ne me battra aux fléchettes.
L'onde de choc, l'explosion de la bicoque, nous a éloignés les uns des autres. Je suis le seul encore entier.
Entier, mais débourré, et c'est regrettable parce qu'il y a à peine une heure c'était la Bringue là-dedans.
Pour fêter notre arrivée aux abords de Castor et Pollux, on a tout fumé nos derniers cigares et tout bu nos dernières bouteilles de Cahors ("le gros qui tâche"), et la z'ic à fond, (à n'en déplaise aux filles on a bêtement gardé le Wiski pour faire face aux sirènes des autres mondes).
Scalpa avait bricolé l'éclairage et avait transformé la salle de contrôle en piste de danse, Bastien Hilare tentait désespérément de m'atteindre avec son ballon de foot, faut dire que je l'avais un peu excité à coup de torchon pendant la vaisselle ; mais d'avoir éclaté l'écran des caméras extérieures, le thermomètre et l'horloge de papy Langevin, ne lui suffisaient apparemment plus.
Pendant ce temps, Scalpa ricanait en se technotant les hanches.
En fait, je n'aurais certainement pas dû désactiver la gravité.
Bastien avait lancé son pied en arrière afin de percuter la balle avec un maximum de puissance et fit ainsi plusieurs tours sur lui-même. Scalpa Têtu continuait à danser au plafond et moi, étranglé par des rires vomitifs, me mis aussitôt à rendre en direction du Travolta plus ou moins roux. Ce dernier, malgré des mouvements de natations impressionnants, fut victime de mes entrailles. Alors Bastien, pianotant sur les consoles, histoire de nous donner de la vitesse, mit les gaz ; les moteurs réveillés nous projetèrent violemment contre les parois, puis les plombs, encore une fois, sautèrent.
Quand Scalpa, une pelote de laine à la main, nous invectiva :
- Les gars ! Bougez pas, je vais arranger ça !
Bastien et moi, pleurotes à la crème, bras dessus, bras dessous, des larmes de crocrodiles.
Puis reprenant son sérieux, me tapa l'épaule :
- Allez viens Olive ! Hé-hé ! On sort nous aussi, hé-hé !
Bastien avait ventousé le poste radiocassette contre la carlingue et pliait les genoux, agitait les bras en rythme alors que Scalpa beuglait mi des injures mi des couplets.

- Regardez, dis-je en projetant la pelote qui se déroula dans le vide, une étoile filante !
Puis, tout s'éparpilla dans un faux silence.

Si je ne vomis pas dans mon casque,
il me reste à peu près cinq minutes ; le temps de tomber, de me consumer dans l'atmosphère de cette planète sans nom.
Planète sur laquelle les filles sont parties faire des courses.
Ah ça non, elles ne vont pas être contentes en rentrant, ça va barder,
elles ne sont même pas enceintes.

Tiens voilà leur navette.
Elles ne m'ont pas vu.
On a bien rigolé.

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